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Publié le par sauvons l'écologie politique

Sauvons l’écologie politique
Appel de Rennes


    Réchauffement de la Terre, modification climatique, inondations, tempêtes, raréfaction des matières premières et leurs conséquences humaines : famines, guerres, migrations…, la planète est en danger. Aujourd’hui, devant l’urgence, il faut rapidement mettre en œuvre de nouveaux projets et commencer à préparer tous ensemble le changement inéluctable de nos modes de vie ; c’est la première condition pour sauver la planète et sauver aussi la démocratie. 
Est-ce que le Grenelle de l’environnement répondra à cet enjeu majeur du XXIème siècle ? Nous pouvons l’avouer, la déclaration du jeudi 25 octobre de Nicolas Sarkozy nous a surprise. Nous ne pensions pas qu’il irait aussi loin dans les propositions. Nous ne pouvons qu’encourager le Président de la République à tenir des engagements inspirés des mesures issues d’une concertation inédite et originale entre cinq acteurs (ONG, syndicats, entreprises, collectivités locales et Etat) jamais réunis auparavant. Le Grenelle a été une véritable innovation démocratique, l’occasion d’enfoncer le clou d’une prise de conscience généralisée des dangers qui nous menacent et de la faiblesse ou de l’inexistence des réponses apportées jusqu’alors. Car il ne faut pas oublier que la France fait figure de mauvais élève de la classe européenne dans le domaine de l’environnement. Quasiment toutes les avancées environnementales dans notre pays sont le fruit de la transcription en droit national des directives européennes. Un exemple, la France est toujours sous la menace d’une lourde amende pour non respect de la directive « Nitrates ». Attaquée par quatre associations environnementales devant le tribunal administratif de Rennes, l’Etat vient d’être jugé responsable de la prolifération des algues vertes sur le littoral breton, le jour même du discours du Président de la République.
Entendons-nous bien : dans l’euphorie générale, notre but n’est pas de jouer au rabat joie. Nous prenons acte des intentions affichées et attendons avec impatience qu’elles soient déclinées en programmes opérationnels et en une loi d’orientation. Nous pourrons mesurer à ce moment là la réelle puissance de l’élan écologique présidentiel et son impact sur le législateur notamment en analysant la mécanique financière adossée aux programmes opérationnels, le calendrier et les projets de réglementation.
Dans ce contexte très particulier, quand des acteurs écologiques se battent contre de puissants lobbies (nucléaires, routiers, agricoles, pour ne citer que quelques exemples), nous ne pouvons que regretter la discrétion des Verts, plus inquiets de la réforme de leurs statuts internes qu’à prendre part au débat. Ce nombrilisme est coupable. Les Verts ne sont plus des acteurs incontournables de l’écologie, ils sont même marginalisés, inaudibles, empêtrés dans une organisation archaïque aux comportements féodaux et au fonctionnement groupusculaire. Face à l’urgence écologique, il ne suffit pas dire que l’on avait raison pour attirer les suffrages des électeurs. Encore faut-il se montrer apte à exercer le pouvoir, c’est-à-dire à prendre la responsabilité de concrétiser ses idées. Les Verts ont joué leur rôle de lanceur d’alerte mais ils doivent aujourd’hui se transformer profondément pour être là où on les attend depuis 20 ans et devenir des acteurs incontournables et respectés de la vie politique. Nous avons les hommes et l’expertise pour répondre aux enjeux du monde, dans tous les domaines et en premier lieu dans celui de l’environnement. Le Grenelle de l’environnement est pour nous une chance à saisir, l’occasion de faire la démonstration qu’il ne peut y avoir de véritable révolution écologique sans adaptation de l’appareil économique et sans intervention publique. Plus que jamais l’écologie doit être politique. Malheureusement piégés par des conflits internes récurrents et stériles, déconnectés de la réalité, nous avons perdu en crédibilité et usé nombre de talents prêts à servir la collectivité : que d’énergie gâchée et de temps perdu depuis la candidature témoignage de René Dumont, l’homme au pull rouge qui a su démontrer en une élection la pertinence de l’écologie politique. Nous sommes ses héritiers et nous ne pouvons supporter plus longtemps que son héritage soit dilapidé par une frange radicale qui a peu à voir avec les valeurs de tolérance portées par les écologistes. Nous ne pouvons également que regretter que le Parti socialiste n’est pas compris sous l’air Jospin que l’avenir de la gauche passait par un partenariat fort avec les écologistes. Ce que Nicolas Sarkozy vient de faire, nous aurions du pouvoir le faire ensemble, Verts et Socialistes, il y a dix ans maintenant. Il n’est pas encore trop tard. Aujourd’hui, nous avons besoin des socialistes et ils ont besoin de nous.
Il est grand temps d’ouvrir les fenêtres et les portes de la maison verte. Nous avons besoin d’oxygène pour survivre aux défaites électorales que nous venons d’enregistrer. Nous devons travailler à l’écriture de notre récit et donner aux citoyens de bonnes raisons de nous faire confiance, notamment en nous appuyant sur nos expériences au sein des institutions locales, nationales et européennes. Cette confiance ne nous sera accordée que si nous rompons avec une défiance permanente et malheureusement entretenue entre la base des Verts et ses élus. Nous sommes tous des militants politiques de l’écologie !
Aujourd’hui, les Verts tout comme l’ensemble des forces de gauche manquent de souffle. Un échec aux municipales nous serait fatal, nous ne pouvons nous permettre de prendre ce risque . La pensée globale doit aussi se traduire en actions locales, sans cela le discours serait inutile. Il s’agit de convaincre, de mobiliser et de mettre en œuvre un développement réellement soutenable. Les enjeux de demain : révolution des modes de déplacements, logement, énergie, vivre ensemble… sont des défis que la gauche doit porter unie.
Nous lançons cet appel car nous croyons que seule une gauche moderne, sociale, solidaire et écologique saura accélérer les changements nécessaires pour construire un 21ème siècle équitable. Dans cette gauche, l’écologie politique doit avoir toute sa place ; c’est une condition essentielle de la réussite. Aujourd’hui, notre responsabilité n’est donc pas de se compter mais de montrer notre capacité à dépasser les clivages anciens et stériles.
Agir ensemble est aujourd’hui indispensable car il y a urgence. Alors, ensemble, retroussons nos manches !
C. K

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